VIVARTE ou la faillite du groupe annoncée.
02/02/2017N. BORTKO

Compétence de Tribunal de commerce de PARIS

Connu comme l’un des leaders français dans la distribution de prêt-à-porter et de chaussures, VIVARTE emploie près de 16.000 personnes et compte 14 marques notamment André, Minelli, Chevignon ou encore La Halle aux Chaussures. Mais depuis quelques années, le groupe va mal, très mal, au point de devoir se séparer de certaines de ses marques phares. Nous nous sommes donc demander comment un des mastodonte de l’habillement a-t-il pu en arriver là.

L'entreprise, originaire de Nancy, née en 1896 lorsqu’Albert Lévy rachète la Manufacture nancéienne de chaussures, fabricant de chaussures « bon marché ». Son premier magasin de vente ouvre à Paris en 1903, le Groupe André né. VIVARTE n’est pas encore le groupe que nous connaissons tous.

Ce n’est qu’en 1967 que l’entreprise s’internationalise. Le 500ième magasin sera inauguré en 1981, date d’ouverture du premier La Halle aux chaussures. Trois ans plus tard, l’entreprise se diversifie et se lance dans l’habillement avec La Halle aux Vêtements. 1991 est une date importante pour le groupe qui achète Caroll, Creeks, Liberto, Sport et Kookaï. Le groupe devient un acteur incontournable dans la distribution de chaussures mais aussi de vêtements.

Ce n’est que dix ans plus tard que le groupe ANDRE devient VIVARTE.

C’est peut-être maintenant que tout se joue. Nous sommes en 2004, le groupe est racheté à hauteur de 55 % par le fonds d'investissement PAI Partners, pour être revendu en 2006 au fonds britannique Charterhouse par une opération de LBO. VIVARTE possède dorénavant plus de 5.000 magasins sous 24 enseignes différentes, dont certaines sont très connues : pour les chaussures Beryl, Chaussland, San Marina, pour l’habillement, Chevignon, Naf Naf ou encore Kookaï.

L’achat de grandes marques, telles que SuperSport, DéfiMode, se poursuit jusqu’en 2009. Rien ne semble arrêter le groupe dans sa frénésie d’achat.

Mais, en 2013, tout se complique. Alors que VIVARTE a déjà fait face à plus de 1,2 milliard d'euros de frais financiers remboursés depuis 2007, le groupe croule sous le poids des charges de remboursement de sa dette et décide de suspendre l'intégralité des paiements sur sa dette pour renégocier avec ses créanciers. Une restructuration financière de plus de deux milliards d'euros d'effacement est entreprise et une réinjection de liquidités de 500 millions d'euros est obtenue en à peine huit mois. VIVARTE réussit à restructurer sa dette à hauteur de 2,8 milliards d'euros en trouvant un accord le 1er août 2014 avec douze prêteurs dont quatre entreront au Conseil d'administration (Alcentra, Babson, Goldentree et Oacktree). Seulement, même si une partie de la dette a été restructurée, il reste néanmoins 800 millions d’euros à régler. Et, ces 800 millions d’euros ont fait des petits depuis. La dette s’élèverait aujourd’hui à 1,5 milliards, collossal !

Et, pendant ce temps-là, le chiffre d’affaires ne cesse de baisser. Il aurait chuté de 30% en trois ans. C’est certainement une des raisons pour laquelle VIVARTE connait son quatrième PDG en quatre ans. Ce dernier est Patrick Puy, connu pour son rôle dans Moulinex et Arc International, il saura défendre son dossier auprès du Tribunal en cas de faillite. 

Si le groupe connait aujourd’hui de grandes difficultés financières, c’est certainement en raison du montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier qui engendre un recours à fort endettement bancaire. Adosser une dette de plus de 2 milliards à une entreprise semble complètement déraisonnable voir irresponsable !  Permettre à VIVARTE de racheter une société en dépensant un minimum d’argent mais en s’endettant fortement, via le LBO,  nous semble aujourd’hui un système très risqué, d’autant plus que des marques comme Naf Naf ou encore La Halle aux Chaussures ont perdu de leur superbe. La crise semble interne mais aussi externe, avec la concurrence de nouveaux magasins low cost tels que H&M ou Primark.

Le 7 avril 2015, VIVARTE tente de se relever et présente un plan social portant sur plus de 1.300 employés sur les 4.256 que compte le groupe. Un an plus tard, Kookaï, Chevignon et Pataugas sont mis en vente et n’ont d’ailleurs, à ce jour, pas trouvé de repreneur.

Il y a une semaine, le groupe annonce non seulement sa volonté de vendre Naf Naf et André mais aussi la fermeture de 147 Halle aux Chaussures soit environ 700 à 800 emplois supprimés. Le nouveau PDG prévoit, en plus, dans son plan d’action, la fusion des sièges de La Halle aux vêtements et de La Halle aux chaussures, la réorganisation de Vivarte Services et la rationalisation des points de vente.

Espérons que cela soit suffisant car cela ne fait aucun doute, VIVARTE est à l’agonie. Si aucun repreneur n’est trouvé, il ne serait pas étonnant que son PDG déclare son état de cessation des paiements auprès du Tribunal de commerce de PARIS. Le groupe a besoin d’argent frais pour rembourser sa dette mais également investir pour se défendre face à une forte concurrence devenue internationale.

 

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